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La Terre et les hommes | Le Territoire et l’habitat| L’habitat

 

 

L’habitat

BASTELICA a toujours passé pour le village le plus considérable de la CORSE.

Il est situé à 40 Kms à l’est d’AJACCIO, perché à 771 mètres, au pied de l’imposante montagne de MONTE D’ORO qui le protège des vents du Nord.

L’accès est assez difficile, mais cette situation a deux avantages : air très sain, eau abondante.

 

Le village est traversé par la rivière le PRUNELLI qui est parfois un véritable torrent. Cette situation à mi-pente, sur le flanc de la montagne présente une difficulté pour la vie économique. Le village domine les cultures qu’il surveille plus qu’il ne protège.

Mais les cultures les plus importantes  pour le village se trouvent à la plaine, c’est à dire à 30kms.

 

 

 

BLANQUI[1]  écrivait à ce sujet au début du 19éme :

« par  une singularité aussi curieuse que déplorable, il s’est trouvé en CORSE que tous les villages sans exception, sont situés sur les hauteurs où ils apparaissent de loin tout gris, avec des airs d’aigle suspendu aux rochers .La plupart sont véritablement inaccessibles…………... la situation des villages suspendus au flanc des montagnes oblige les habitants à s’en éloigner pour cultiver les terrains arables généralement situés au tond des vallées à une grand distance de leur maison ; le paysan Corse descend a certaines é époques vers ces sortes de colonies pour y faire les semailles et la moisson, puis il retourne à sa métropole, et y passe dans l’inaction la saison froide et celle du mauvais air. ».

La géographie explique donc en partie la situation de BASTELICA qui est d’ailleurs celle de la plupart des villages Corses.

L’HISTOIRE nous aide aussi à mieux comprendre ce phénomène, car le site d’un village c’est d’abord un site défensif.

Paul ARRIGHI[2]  note à ce sujet que : « la malaria sévissant sur les plaines côtières et les invasions barbaresques fréquentes ont éloigné la population des rivages et amené à grossir les villages déjà existants, ou constituer de nouveaux habitats en recherchant autant que les terrains favorables aux cultures, les positions aisément défendables. »

Ces fléaux provoquent une solidarité qui oblige les habitants à résider au village dans une intimité voisine de celle de la famille. Cependant ce sont les plaines qui procurent l‘herbe l’hiver aux bêtes et les grains aux hommes du village.

Il y a donc eu fuite dans un premier temps, mais les exigences économiques conduisent inéluctablement le paysan de BASTELICA à passer une bonne partie de l’année à la plaine.

 


Si le site de BASTELICA  peut servir d’exemple type du village Corse de montagne, il en est de même avec l’organisation de  l’habitat.

En effet, le village (photo satellite?) se compose de 6 hameaux. (Le TERRIER parle des « villages de BASTELICA ») qui se regroupent par deux :

                        VASSALACCI et SANTO séparés par le PRUNELLI

                        COSTA et TRICOLACCI

                        STAZZONA et DOMINICACCI

                        (le quartier de FOLACCI qui se confond avec COSTA est représenté dans le TERRIER mais n’est jamais cité dans les Registres des notaires).

 

- VASSALACCI îlot dans l’océan de châtaigniers qui l’enserre étroitement.

                Son nom doit signifier « Les vassaux » ou « Les mauvais vassaux ».

 

De l’autre côté du PRUNELLI, le gros du village est reparti en 5 hameaux :

 

- SANTO         C’est le quartier « saint » avec deux églises et le couvent.

- COSTA         « côte » (étymologie difficilement explicable)

- TRICOLACCI   « Les marchands »

- STAZZONA  « La Forge »

- DOMINICACCI « Les mauvais Seigneurs », Le mieux situé, le plus élevé, le plus ancien aussi.

 

 

 

Cette organisation par quartiers va se retrouver dans l’organisation communautaire où nous verrons que chaque hameau a son assemblée et ses officiers municipaux.

 

 

Comment sont les maisons du village ?

 

Disséminées en fer à cheval à mi-côte, les maisons sont construites de gros blocs de granit qui prennent avec le temps une couleur noire.

 

La toiture est généralement faite de petites planches de hêtre ou de châtaigniers.

On accède à l’intérieur par un escalier en bois mobile.

Ces habitations sont caractérisées par l’étroitesse des ouvertures :

         - la porte    (1,5 m de hauteur x 0,75cm de largeur)

         - la fenêtre (1,0 m de hauteur x 0,62cm de largeur)

         - la chambre       (2 m de hauteur et 4m²  de superficie)

 

Et l’habitat de BASTELICA à la plaine ?

Le TERRIER nous indique qu’il n’y a pas de village. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’habitations. Les registres des notaires au hasard des dots, testaments, et autres documents font souvent état de maisonnettes à la plaine.

 

 

 

 

 

 

Cette organisation du territoire du village, c'est-à-dire les formes du terroir, ses limites, ses quartiers d’habitation, est fonction de l’organisation juridique et économique, du volume démographique, ainsi que de l’organisation sociale du village.

 

Examinons d’abord l’organisation municipale de la communauté de BASTELICA.



[1] M. BLANQUI : « Rapport sur l’état économique et moral de la CORSE en 1838 » PARIS 1843 Pages 8 et 24

[2] Paul ARRIGHI : « la vie quotidienne en CORSE au XVIIème siècle » PARIS 1970 Page 23